Au moins douze soldats ont été tués vendredi par une quarantaine d’assaillants armés dans l’attaque d’un poste militaire dans le nord du Burkina Faso à une trentaine de kilomètres de la frontière du Mali, a annoncé l’armée burkinabée.
Au moins douze soldats burkinabés ont été tués vendredi dans une attaque contre un détachement de l’armée basé dans le nord du pays, à une trentaine de kilomètres de la frontière malienne, le raid djihadiste le plus meurtrier perpétré contre l’armée dans ce pays.
Il s’agit de la seconde attaque visant l’armée depuis le début des attaques djihadistes au premier trimestre 2015 au Burkina Faso, petit État sahélien d’Afrique, pauvre et enclavé. En octobre 2016, la première attaque avait fait six morts – quatre militaires et deux civils -, les deux civils ayant été probablement tués par des « tirs amis ».
Frontalier du Mali et du Niger, le nord du Burkina est le théâtre d’attaques djihadistes régulières depuis 2015. Longtemps épargné par ces attaques qui touchent la plupart des pays sahéliens, le Burkina est ainsi entré depuis avril 2015 dans un cycle d’enlèvements et d’attaques islamistes.
Le président « condamne » cette attaque
« Aujourd’hui 16 décembre 2016 aux environs de 05h30 (locales et GMT), dans la ville de Nassoumbou, située dans la commune de Djibo (chef lieu de la province du Soum, ndlr) à proximité de la frontière avec le Mali, un détachement du Groupement des forces anti-terroristes (GFAT) de notre armée a subi une attaque meurtrière qui a coûté la vie à douze de nos valeureux soldats et fait des blessés », a déclaré vendredi le président burkinabés, Rock Marc Christian Kaboré, dans une « adresse à la Nation ».
Le chef d’Etat n’a pas fourni de bilan du nombre de blessés. « Je condamne avec fermeté cette attaque ignoble qui illustre la cruauté de (ses) auteurs », a-t-il ajouté.
Un précédent bilan du haut-commissaire de la province du Soum, Mohamed Dah, joint par l’AFP par téléphone depuis Ouagadougou, faisait état de onze morts, dont dix militaires et un gendarme. Deux soldats restaient « injoignables » ce qui signifie qu’ils sont portés disparus.
Une quarantaine d’assaillants
C’est « la plus grosse attaque djihadiste jamais perpétrée » contre l’armée burkinabés, a souligné M. Dah.« Ils sont arrivés à une quarantaine de personnes à bord de véhicules pick-up et de nombreuses motos. Ils étaient lourdement armés avec des fusils kalachnikov et des lance-roquettes. Ils ont tiré sur les hangars, les tentes et calciné certains véhicules », a-t-il précisé.
Selon une source sécuritaire, les assaillants « enturbannés avaient (des) drapeaux djihadistes ».Les autorités burkinabés ont dépêché un « renfort sur place. Nous avons lancé la chasse et un bilan plus précis vous sera bientôt fourni par les services habilités », a indiqué de son côté une source sécuritaire sous couvert d’anonymat.
Dans un communiqué, l’état-major a indiqué qu’« au matin du 16 décembre aux environs de 05 h, une quarantaine d’individus non identifiés, lourdement armés, ont attaqué le poste militaire de Nassoumbou, localité située à 45 km au nord de Djibo ».
Un bataillon déployé fin janvier 2013
Le détachement visé fait partie du GFAT, un bataillon de plus de 600 hommes déployés fin janvier 2013, quelques semaines après le début de l’opération Serval lancée par la France contre les forces djihadistes dans le nord du Mali.
Cette opération, qui s’est achevée en juillet 2014, a été remplacée par l’opération Barkhane chargée de la lutte anti-terroriste dans le Sahel.
Les attaques djihadistes au Burkina Faso sont surtout concentrées dans le nord du pays. Mais le 15 janvier 2016, un commando de trois assaillants a tué 30 personnes et fait 71 blessés en plein cœur de la capitale Ouagadougou. Une attaque revendiquée par le groupe Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
En octobre, M. Kaboré avait invité ses compatriotes à mener une « lutte implacable contre le terrorisme et toutes ses formes ».